Manque de professeurs dans les établissements scolaires : état des lieux à la rentrée

Cette année encore, la rentrée scolaire ne se passe pas sans accroc. D’après une étude du syndicat Snes-FSU, plus de la moitié des collèges et lycées français souffrent d’un manque de professeurs. Un constat alarmant, surtout lorsqu’on sait que les disparités sont importantes d’une région à l’autre. Face à cette réalité, que peuvent attendre les élèves, les parents et le personnel éducatif dans les mois à venir ? Dans cet article, nous faisons le point sur la situation actuelle, les matières les plus touchées, les solutions envisagées et les perspectives pour le reste de l’année scolaire.

En bref

À la rentrée 2024, **56% des collèges et lycées français** sont confrontés à un manque d’au moins un professeur. Les académies de Versailles, Lyon, et Créteil sont particulièrement touchées, avec des taux allant jusqu’à **72%** d’établissements concernés. Les matières les plus impactées incluent le français, les mathématiques, et les langues vivantes, mais la pénurie ne s’arrête pas aux enseignants : les **AESH** (Accompagnants des élèves en situation de handicap) sont également en nombre insuffisant. Les conséquences se font sentir sur la qualité de l’enseignement et l’organisation des établissements.

Le contexte de la rentrée scolaire 2024

Cette rentrée marque une nouvelle année scolaire sous tension, avec des pénuries de professeurs constatées dans **56% des collèges et lycées** en France. Une étude réalisée par le Snes-FSU, le syndicat majoritaire des enseignants du second degré, révèle que **plus d’un établissement sur deux** est concerné par un manque d’enseignants. Ce déficit touche aussi bien les zones urbaines que rurales, mettant en lumière les défis structurels du système éducatif français.

Les chiffres varient cependant selon les académies. Par exemple, l’académie de Versailles, la plus grande de France, est particulièrement touchée avec **72% des établissements** manquant d’au moins un professeur. À l’inverse, des académies comme Amiens semblent mieux loties, avec “seulement” **21% des établissements** concernés. Mais au-delà des statistiques, ce sont les élèves et les enseignants qui subissent directement les conséquences de cette situation.

Une situation inégale selon les académies

La pénurie d’enseignants n’est pas uniformément répartie sur le territoire. Certaines académies, comme celles de Versailles, Lyon, et Créteil, sont nettement plus affectées que d’autres. Pour comprendre l’ampleur du problème, nous avons compilé les données de l’étude du Snes-FSU dans le tableau suivant :

Académie % d’établissements touchés
Versailles 72%
Lyon 68%
Créteil 63%
Normandie 43%
Amiens 21%

Cette disparité s’explique en partie par les différences de densité de population, le nombre d’établissements, ainsi que les spécificités locales en matière de recrutement et de gestion des ressources humaines. Toutefois, ces chiffres témoignent d’une inégalité inquiétante qui pourrait s’aggraver si des mesures adéquates ne sont pas prises.

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Quelles matières sont les plus touchées par le manque de professeurs ?

Le manque de professeurs ne concerne pas toutes les disciplines de manière égale. Selon l’étude du Snes-FSU, les matières les plus touchées sont :

  • **Français** : forte pénurie avec de nombreux postes non pourvus.
  • **Mathématiques** : pénurie notable, notamment dans les zones urbaines sensibles.
  • **Langues vivantes** : notamment l’anglais, l’espagnol et l’allemand.
  • **Technologie** : manque d’enseignants qualifiés pour cette discipline en pleine évolution.
  • **Économie-Gestion** : affectée par une rareté de candidats spécialisés.

Ces pénuries s’expliquent par la difficulté à recruter dans certaines matières, notamment les mathématiques et le français, où le nombre de diplômés souhaitant s’orienter vers l’enseignement reste insuffisant. À cela s’ajoute le manque d’attractivité des postes, souvent en raison de la précarité de certains contrats ou des conditions de travail jugées difficiles.

Un problème qui dépasse les enseignants : le cas des AESH

La crise du personnel éducatif ne s’arrête pas aux enseignants. Les **AESH** (Accompagnants des élèves en situation de handicap) sont également touchés par cette pénurie. Selon l’étude, **17% des collèges et lycées** manquent au moins d’un AESH, une situation qui complique l’accueil et le suivi des élèves en situation de handicap. Cette réalité est particulièrement préoccupante, car elle met en péril l’inclusion scolaire et l’égalité des chances.

Ces difficultés de recrutement s’expliquent par le faible niveau de rémunération et la précarité des contrats proposés aux AESH, souvent en temps partiel imposé, qui rendent le métier peu attractif. La question se pose alors de savoir comment l’Éducation nationale compte attirer et fidéliser ces personnels essentiels au bon fonctionnement de nos établissements scolaires.

Les conséquences pour les élèves et les établissements

Le manque de professeurs et d’AESH a des conséquences directes sur le quotidien des élèves et le fonctionnement des établissements. En premier lieu, les élèves se retrouvent sans enseignant attitré pour des matières fondamentales, ce qui entraîne des heures de cours non assurées, un décrochage scolaire accru et des difficultés d’apprentissage. Pour certains élèves, surtout les plus fragiles, ces lacunes peuvent être déterminantes dans leur parcours scolaire.

De plus, les établissements doivent souvent gérer dans l’urgence des absences non pourvues, réorganiser les emplois du temps et redistribuer les élèves dans d’autres classes, augmentant ainsi la taille des groupes. Ces réajustements nuisent à la qualité de l’enseignement et à l’encadrement des élèves, engendrant une surcharge de travail pour les enseignants en poste.

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La réponse des autorités et des syndicats

Face à cette situation, les autorités éducatives et les syndicats ont pris position. La désormais ancienne ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, a déclaré que, malgré les difficultés de recrutement, il y avait des professeurs devant les classes dans “l’immense majorité des situations”, tout en reconnaissant quelques absences “ici et là”. Une déclaration qui ne satisfait pas les syndicats, comme le Snes-FSU, qui dénoncent une gestion de crise par le déni.

Le Snes-FSU et d’autres syndicats demandent des mesures urgentes, telles que la revalorisation des salaires des enseignants et des AESH, l’amélioration des conditions de travail et une plus grande transparence sur les recrutements. Ils réclament également des moyens supplémentaires pour assurer les remplacements et éviter que les élèves ne soient privés d’enseignants.

Des solutions en vue ?

Plusieurs pistes sont évoquées pour pallier ce manque de professeurs et d’AESH dans les établissements scolaires. Parmi les solutions envisagées :

  • **Recrutement massif** : embauche de contractuels et de remplaçants à court terme.
  • **Revalorisation des salaires** : augmenter la rémunération pour attirer davantage de candidats.
  • **Amélioration des conditions de travail** : réduire la charge administrative et offrir des formations continues.
  • **Renforcement du dialogue social** : engager des discussions avec les syndicats pour trouver des solutions pérennes.
  • **Digitalisation des cours** : utiliser davantage les outils numériques pour compenser les manques ponctuels de personnel.

Cependant, ces solutions demandent des investissements conséquents et une volonté politique forte pour être mises en œuvre rapidement et efficacement.

Perspectives pour les prochains mois

Pour les prochains mois, la situation reste incertaine. Le manque de professeurs pourrait s’accentuer en cours d’année, notamment en raison des absences imprévues et des difficultés de remplacement. Les remplacements restent une source d’inquiétude majeure : rien n’assure que les enseignants absents seront systématiquement remplacés, ce qui risque d’aggraver la situation dans certains établissements déjà sous tension.

À long terme, une refonte plus globale du système éducatif et des conditions de travail des enseignants semble indispensable pour garantir une éducation de qualité pour tous. La balle est désormais dans le camp des autorités compétentes, qui devront répondre aux attentes des enseignants, des élèves, et de leurs familles.